Un lieu, une famille
Le domaine familial, qui compte aujourd’hui 38 hectares de vignes et une grande variété de cépages, est situé au pied du village de Pierrefeu-du-Var, en Provence. Ancienne dépendance des moines de l’Abbaye Saint-Victor de Marseille au Moyen Âge et jusqu’à la Révolution, la propriété a été achetée en 1932 à la marquise de Pierrefeu par l’arrière-grand-père Kennel, tonnelier originaire du village de Arth en Suisse, puis développée par le grand-père de Julien dans les années 1950, puis par son père Charles. Avec son épouse Mireille, Julien a fait le choix en 2005 de poursuivre l’œuvre accomplie et de convertir le vignoble à la biodynamie.
Le domaine s’appelait jadis Saint-Pierre les Baux et, il y a environ 1 000 ans, à l’époque des croisades, il appartenait aux seigneurs du village. Durant cette époque tumultueuse marquée par les expéditions contre les hérétiques, un seigneur fit don des terres aux moines de l’Abbaye Saint-Victor de Marseille qui en donnèrent l’exploitation au prieuré de Saint Pierre. Mais quelques siècles plus tard, alors que la révolution fait rage, les biens du clergé comme ceux de la noblesse furent vendus au titre de biens nationaux et le domaine fut racheté par la Marquise de Pierrefeu. Il faudra attendre 1932 pour que la famille Kennel entre dans l’histoire de ce haut lieu.
UN VIGNOBLE FAMILIAL DEPUIS 1932
DU MÉTIER DE TONNELIER A CELUI DE VIGNERON
Arbre généalogique de la famille Kennel depuis 1639
1800 | Blasius le tonnelier
Blasius le tonnelier, 5 générations au-dessus de Julien Kennel, avait installé son atelier, dans les années 1800, à Arth en Suisse, la patrie d’origine de la famille, au bord du lac de Zug. Dans ces hautes montagnes alpines, on fabrique des kirsch, des eaux de vie et du vin. La tonnellerie Kennel prospère de père en fils. Aujourd’hui encore, Aloïs, le cousin, à Kussnacht, à une douzaine de kilomètres, fournit en tonneaux et en foudres les vignerons de Vaud, de Neuchâtel et du Tessin où se concentrent les meilleurs vignobles de Suisse.
1902 | Carl-Franz Kennel
Avant la Grande Guerre, en 1902, Carl-Franz, le troisième des 13 fils et filles Kennel, partit à l’aventure chercher fortune et trouva l’air de La Londe-les-Maures à sa convenance. Connaissant le métier de tonnelier, il eut vite un emploi au village et, quelques années plus tard, décida de se mettre à son compte.
1932 | Charles-Martin Kennel
Charles-Martin Kennel acquit en 1932 le domaine de Saint-Pierre-les-Baux. À l’origine, un prieuré de la confrérie des moines de l’Abbaye Saint-Victor de Marseille y était édifié. Devenu bien national à la Révolution, il fut racheté par le marquis Dedons de Pierrefeu qui possédait de grandes terres agricoles. Lorsque Charles Kennel l’achète à la dernière fille du marquis, les vignes sont mangées par les herbes folles, les bâtiments sont à l’abandon. Charles-Martin se met alors à le reconstruire. Les premières plantations datent de 1936 et ont donné encore il y a quelques millésimes d’excellentes cuvées en rouge.
Charles-Martin Kennel 1898-1947
Noël et Jeannette Kennel au
Salon International de l’Agriculture
à Paris, en 1973
1951 | Noël & Jeannette Kennel
Noël Kennel, l’aîné des fils de Charles-Martin, poursuivait des études de génie mécanique lorsque la guerre éclata. Tous les plans furent changés, particulièrement lorsqu’il fallut partir aux chantiers de jeunesse en 1941. À son retour, travaillant sur la Londe, il rencontra Jeannette et fonda un foyer en 1943. À la Libération, il n’était plus possible de reprendre les études d’ingénieur, il décida d’apprendre à travailler la vigne dans un magnifique domaine londais : le Clos Mireille de la famille Ott. En 1951, Noël et Jeannette décident avec l’accord familial de quitter La Londe et de s’installer à Pierrefeu pour tenter leur chance en se mettant à leur compte. Une date très importante pour le Domaine Kennel. Durant les 3 premières années, la vinification part dans des bonbonnes livrées en carrioles sur les Alpes-Maritimes, comme vin de bistrots. Tout doucement, l’idée de faire sa propre marque se concrétise et la première bouteille sort en 1954. Petit à petit, les qualités de vigneron de Noël et le sens commercial de Jeannette permirent au vignoble d’avoir l’essor mérité.
1990 | Charles Kennel
Au début des années 90, Charles Kennel prit la direction de l’entreprise dans laquelle il travaillait depuis toujours. Jeannette et Noël se retirèrent pour une retraite nécessaire. Dès lors, avec sa femme, Charles commença la transformation indispensable des équipements en cave pour vinifier des rosés plus actuels, notamment grâce au contrôle des températures, à la séparation des éléments verts et des pressurages sous pression contrôlée. Il se mit également en quête d’acquérir davantage de terres en Appellation d’Origine (AOC devenu AOP).
Charles Kennel à 5 ans
Trois générations réunies : Noël, Charles
et Julien Kennel en 2005
2005 | Julien Kennel
Charles à présent en retraite, Julien son fils a repris la direction de l’entreprise familiale pour l’emmener dans son temps, tout en gardant la tradition des gestes et des vinifications. Poussée par l’âge des vignes, une campagne de replantation de longue haleine a été lancée pour rééquilibrer l’encépagement vers une plus grande production de rosé, grande fierté du bassin de production provençal. Mais aussi un minutieux travail de rafraîchissement de vieilles vignes pour qu’elles continuent à puiser au plus profond de leur équilibre végétal, fournir des raisins mûrs et concentrés et aboutir à des rouges soyeux et sur le fruit. Les blancs, fierté du domaine depuis les années 60, ont été “revisités” pour continuer à servir les plus grandes tables de la côte hyéroise.
2015 | Mireille Kennel
Mireille Kennel, épouse de Julien, a rejoint l’entreprise et a apporté avec enthousiasme, en particulier, son sens commercial et relationnel. Elle développe l’aura du vignoble bien au-delà de notre région et construit patiemment un réseau de distribution à la hauteur des vins produits. Mais elle s’investit bien sûr aussi sur le domaine car le travail au vignoble est une affaire de famille.
Mireille Kennel – 2015
Successions
• Au XVIe siècle, le sieur de Forbin vend la Bastide de Saint Pierre à Pierrefeu à Jean Simier de Marseille pour la reprendre plus tard.
• Le 30 juillet 1588 la vend à Antoine de Serra ou Cerra, marchand à Toulon.
• Cette Bastide est possédée en 1628 par Charles Décugis et Melchior Thomas.
• Le 3 novembre 1647, Melchior Thomas érigea en arrière-fief de sa seigneurie de Pierrefeu, la Bastide de Baux (allias Banaux), sous le nom de Saint Pierre, à charge de relever de la haute juridiction de Pierrefeu.
• Louis (1634) coseigneur de Pierrefeu et de Saint-Pierre. Premier consul de Draguignan en 1678-79. Reçut donation de sa mère, veuve, le 19 août 1680. Prêta hommage pour la partie Pierrefeu, le 30 du même mois. Mourut avant le 23 septembre 1684 (testament de sa mère). Il avait épousé, à Draguignan, le 21 juin 1660, suivant contrat du même jour, Claire Geoffroy Dephin Gansard (née vers 1639 et morte le 12 octobre 1719), fille de Melchior, écuyer, et de Marguerite Maty de la Garde.
• Louis-Joseph-Léonce Dedons, fils cadet d’Alexandre-Émile-Joseph Dedons de Pierrefeu et d’Amélie de Demandolx, est née le 18 janvier 1815. Alors comte de Pierrefeu, il épouse le 31 mai 1846 à Choye (Haute-Saône) Marie-Simone-Léopoldine de Pillo de Chenecey, née le 6 décembre dans ce même village. Après le décès du couple, sa succession fera l’objet d’une vente aux enchères. Elle s’effectuera en exécution d’un tribunal de Toulon, qui le 10 mai 1896, avait ordonné le partage des biens. Le domaine de Saint Pierre, situé à Pierrefeu, et une maison avec sa cave, ses pressoirs et ses dépendances, sise rue de la République, sont estimés à 20 000 francs.
• C’est bien plus tard, en 1932, que Charles Kennel, célèbre tonnelier venu de Suisse acheta le domaine à la dernière marquise de Pierrefeu de Demandolx. Durant de nombreuses années, il exploita le domaine avec une grande passion pour le noble métier de paysan. L’amour de la terre fit qu’à la mort de Charles, en 1947, ce fût Noël, son fils élevé dans la pure tradition vigneronne, qui repris la gérance du domaine familial. En 1943, Noël épouse Jeannette et fonde une famille sur La Londe. C’est en 1951 qu’ils décident de s’installer à Pierrefeu sur la propriété familiale. La première bouteille de vin sort du Domaine en 1954.