Le Grand Cyprès
Lorsque Noël Kennel, le patriarche, découvre le domaine de Saint-Pierre les Baux, il parcourut ses terres et remarqua, à proximité de sa demeure, un magnifique cyprès. Il apprit ensuite que cet illustre cyprès veillait sur ses terres depuis près de mille ans.
Un cyprès ordinaire remarquable qui émerge, au domaine Kennel de Pierrefeu, avec ses 24 mètres de haut, ses 4 mètres 95 de tour (7 m à la base) et surtout par son histoire, telle que l’a racontée le docteur Cheylan : “Lorsque Dedons de Pierrefeu, prince des Baux, parti pour la croisade (en 1096), il fît le vœu de donner une terre aux moines de Saint-Victor. Il revint sain et sauf, offrit sa terre de Saint-Pierre qui devint Saint-Pierre des Baux, et les moines plantèrent deux cyprès en hommage à leur bienfaiteur (…) Leur datation, fort plausible, serait du XIIe siècle.”
Le premier est mort foudroyé en 1956 et l’autre a été cassé par un vent très puissant en décembre 1998.
Un grand cyprès, tel un mégalithe, se dressait au cœur du vignoble. Monument sombre, compagnon des paysans dans les champs, mémoire muette de la vie de générations d’hommes. Ses racines, ses branches, gardent les secrets qui peuplent la campagne alentour. Le cyprès des Kennel était un vieux sage de mille ans.
Il bornait peut-être les angles d’un cimetière de moines. Il avait un compagnon qui est mort foudroyé dans un orage en 1956.
Chez nous, en Provence, le cyprès est un symbole d’hospitalité, un signe de bienvenue près d’une maison. Il joue avec le vent, il s’élève vers le ciel avec panache !
Notre géant est mort en 1998, et nous nous sommes résignés à le couper en 1999.
Mais il a fait un rejet. Un arbre qui semble de la même race des seigneurs de la terre. Il grandit à quelques mètres de ses défunts aînés et nous le bichonnons ! Nous lui avons même donné un petit nom : Tui !